Agharta est publié en France par Kana, label spécialisé dans le manga de la maison d'édition Dargaud, dont le catalogue est constitué de classiques et de gros succès tels que Les Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya), Hunter X Hunter, Slam Dunk ou Naruto. L'éditeur a judicieusement classé Agharta dans sa collection Big Kana qui regroupe des mangas plus matures et complexes, comme Monster ou Zipang. Quand la publication n'avait pas encore rattrapé le Japon, le délai entre deux volumes était raisonnable avec un volume tous les deux ou trois mois. Depuis la sortie du volume 6, la parution des tomes d'Agharta est plus aléatoire puisqu'elle dépend avant tout de la publication au Japon. Pour le volume 7, le délai entre les parutions nippones et française était d'un an.
L'adaptation des couvertures est très fidèle puisqu'elles sont pratiquement identiques aux originales. Les changements sont mineurs : suppression du titre Agharta écrit en caractères japonais (katakanas) et déplacement du nom de l'auteur (pour lequel les kanjis sont conservés en plus de sa transcription en lettres). Un bon point pour la conservation du titre Agharta (celui écrit en lettres). L'inverse eut été surprenant. Le seul (petit) regret est que la suppression des caractères japonais sur la couverture nous prive d'un joli effet de symétrie entre le titre du manga et le nom de l'auteur sur les volumes 5, 6 et 8). Mais cela n'a pas tellement d'importance et ne peut constituer un reproche pour ces couvertures très jolies au Japon comme en France. En revanche, l'avertissement sur le sens de lecture, et la miniature de la couverture qui l'accompagne, au dos des volumes ne sont pas des plus élégants. On aurait pu s'en passer.
Les volumes sont édités à un format B6 (12.7x18 cm), sans doute conforme à la version originale. Un bon point pour la conservation des pages couleur (4 à 8 par tome) et des mini-posters (volumes 6 et 7) en début de volume. Ceux-ci sont parfaitement imprimés sur un papier de qualité. La présence des pages couleur contribue à faire des volumes d'Agharta de beaux objets. Les pages en noir et blanc sont elles aussi de bonne qualité avec une impression sans reproche et un papier agréable. La texture particulière des jaquettes d'Agharta, certainement également reprise de la version originale, est très plaisante.
Bref, les volumes d'Agharta sont plutôt luxueux. Au niveau esthétique, on n'a rien à envier au travail que peuvent fournir les autres éditeurs. Et, comparativement, le prix du volume d'Agharta reste bon marché. A qualité équivalente, le tome coûte 8.95 € chez Génération Comics, 7.95 € chez Asuka, 9 € chez Tonkam... Seuls Glénat (6.50 €), Pika Edition (6.95 €) et Kurokawa (6.50 €) font mieux au niveau du prix pratiqué. Même après la hausse de tarif observée entre le volume 1 et les suivants (on passe de 6,95 € à 7.35 €), le rapport qualité-prix reste une réussite.
Les onomatopées sont toujours un dilemme pour les adaptateurs graphiques et les lecteurs exigeants les attendent souvent au tournant sur ce point. Faut-il les conserver ? Les traduire ? Chaque éditeur a sa manière de faire et chaque école a ses fans. Certains pensent qu'il faut traduire les onomatopées (mais encore faut-il que cela soit bien fait...) parce qu'elles sont des éléments de narration et qu'il faut donc que le lecteur puisse les comprendre. D'autres préfèrent qu'elles soient conservées car elles font partie intégrante du dessin de l'auteur. Les modifier reviendrait donc à dénaturer l'oeuvre.
Kana a opté par une solution intermédiaire puisque les onomatopées japonaises sont conservées mais qu'est ajoutée à leurs côtés leur traduction. Cela ravit ainsi tout le monde même si on pourrait craindre un alourdissement des planches. Il n'en est rien, les onomatopées françaises n'étant jamais trop grosses et ne gâchant pas trop le dessin. Si la solution choisie par Kana est discutable (le cul entre deux chaises, pourrait-on familièrement dire), le travail est suffisamment bien fait pour ne léser personne.
N'étant pas en possession des volumes originaux d'Agharta et ne lisant pas le japonais de surcroît, je ne pourrais pas tellement juger ce point autrement qu'en livrant mon ressenti de lecteur. Compréhension aisée, dialogues crédibles et dynamiques laissent à penser que le travail est de qualité. Quelques rares fautes d'orthographe, ainsi que d'encore plus rares erreurs de traduction (notamment des contresens un peu gênants pour la compréhension), viennent toutefois sensiblement ternir le tableau.
La version française d'Agharta bénéficie donc d'un travail de tout premier ordre. Nous pouvons remercier Kana de nous avoir fait découvrir Agharta, et surtout de nous permettre de le lire de bonnes conditions.
N'hésitez pas à visiter le site des éditions Kana : http://www.mangakana.com.